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Vignoble Domaine des Côtes d'Ardoise, Dunham |
La période de pandémie limitant nos voyages à l’étranger depuis le début de l’année 2020, voici un article publié en 2015 et récemment mis à jour, qui pourrait, peut-être, influencer votre choix de vacances pour l'été 2021.
Lors de nos séjours annuels au
Festival de Jazz de Montréal, nous aimons beaucoup y ajouter une randonnée dans
les vignobles de l’Estrie ou de la Montérégie. Cette année, nous avons choisi
Dunham dans Brome-Missisquoi, une des régions les plus bucoliques du Québec
avec ses paysages vallonnés. En consultant la carte virtuelle Route des vins de
cette région, nous avons pu sélectionner puis visiter plusieurs vignobles et
goûter leurs produits. Si vous êtes amateurs de vélo, vous pouvez aussi jumeler
la carte de la Route des vins à celle de l’un des nombreux circuits de vélo de
Brome-Missisquoi, également disponible sur le web. Advenant que vous ayez une
petite fringale en cours de route, vous pourrez vous restaurer au vignoble, la
plupart de ceux-ci offrent des aires de pique-nique et certains disposent de services de restauration.
Les heures d’ouverture sont généralement de 10h00 à 17h00 de juin à octobre. Durant la période des vendanges qui coïncide avec celle de l’auto-cueillette des pommes, vous pourrez fusionner les deux activités et séjourner ainsi une nuit sur place, pour en profiter davantage! En plus des cerfs que vous pourriez parfois croiser sur votre chemin, il est très agréable de rencontrer et d’échanger avec nos vignerons artisans tout en dégustant leurs produits. Cette année, le plaisir était doublement au rendez-vous pour notre randonnée car nous nous y sommes rendus pendant la fin de semaine Portes ouvertes, gracieuseté des vignobles de Brome-Missisquoi (fin juin). Voici les trois vignobles coups de coeur de cette année (2015) à Dunham.
Val Caudalies
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Entrée du vignoble Val Caudalies, Dunham |
Ce vignoble, avec une vue magnifique sur le mont Pinacle, a été fondé en 2005 par Guillaume Leroux, Alexis Perron et Julien Vaillancourt, trois amis d'enfance. Nous avons été épatés par l'accueil chaleureux à notre arrivée et aussi par la finesse de leurs produits. Nous avons beaucoup aimé le vin blanc Vidal 2014, vin demi-sec rappelant la limette. Également, le vin rosé sec composé des cépages Chambourcin, hybride d'origine française, de Chaunac, Maréchal Foch et Kay Gray, a retenu notre attention pour sa vivacité et son fruité (petits fruits rouges). Il faut aussi goûter au superbe vin blanc de vendanges tardives Vidal 2013 aux arômes de poire, d'abricot et de pêche. Val Caudalies produit par ailleurs un très bon cidre de glace au parfum et goût très agréable de caramel.
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Vignoble Château de Cartes, Dunham |
Là encore, la finesse des produits de ce jeune vignoble est au rendez-vous. Nous avons eu plusieurs coups de cœur et notamment pour le vin blanc Saint-Pépin, qui est très fruité (muscat et agrumes), floral et vanillé (à cause du bois); le vin gris composé des cépages Radisson et Frontenac gris, est aussi très fruité (agrumes-pamplemousse et fruits des champs) et vif. Le mousseux rosé à base du cépage Sainte-Croix, élaboré selon la méthode traditionnelle, présente de fines bulles et un beau fruité (fraise), il est rond et très agréable en bouche. Enfin, le vin de vendanges tardives à base de Frontenac gris est un incontournable avec ses arômes de pêche et d’abricot. Il ne faut pas repartir de la propriété sans avoir dégusté le cidre de glace élaboré avec la pomme Golden Russet. Cette petite merveille s’est mérité une médaille d’or au concours des cidres du Québec en 2015.
Vignoble de l'Orpailleur
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Entrée de Vignoble de L'Orpailleur, Dunham |
Orpailleur, ce mot est une
trouvaille de notre célèbre poète national Gilles Vigneault et signifie
chercheur d’or. Il a été fondé en 1982 par deux Québécois : Frank Furtado et Pierre
Rodrigue ainsi que par deux Français : Hervé Durand et Charles-Henri de
Coussergues, qui s’est marié avec une Québécoise. Il est ainsi devenu un vrai
Québécois parlant avec un léger et fort joli accent français! Il dirige
maintenant l’Orpailleur à titre de président directeur général. Ce vignoble a
fait partie des cinq pionniers à l’origine du projet pilote viticole de 1982 et
1983. L’objectif de ce projet biennal parrainé par le ministère Industrie et
Commerce du Québec, visait à valider la viabilité de la culture de la vigne au
Québec. La preuve étant faite après deux années d’expérimentation en termes de
résistance de la vigne au gel et de qualité minimale du vin en résultant, les
premiers permis de production artisanale de vin ont été émis pour la récolte
de 1983.
L‘Orpailleur s’est orienté dès ses débuts vers la qualité et il n’a cessé d’innover depuis et de commercialiser des produits remarquables. Il est devenu l’un des vignobles phares au Québec, parmi les plus connus et reconnus pour ses vins de qualité. En fait, à chacune de nos visites à ce vignoble au cours des trente dernières années, nous avons toujours eu un coup de cœur à son endroit et pour l’ensemble de ses produits. Que ce soit l'Orpailleur Blanc, le Réserve, le mousseux, le rosé, le vin gris, le vin de glace, la Cuvée de Natashquan répertoriée dans la prestigieuse Cité du vin de Bordeaux, France, ou encore les deux mistelles l’Apérid’Or et la Part des Anges, nous sommes toujours emballés par ses produits. L’Orpailleur s’est d’ailleurs distingué au cours des années en méritant plus d’une centaine de médailles et de prix de reconnaissance nationaux et internationaux pour l’excellence de ses produits, dont la médaille Grand Or 2014 au concours Les Grands Vins du Québec. Enfin, on peut visiter son écomusée vinicole et manger une bouchée à son restaurant Tire-bouchon, cuisine de type bistrot.
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Vignoble Léon Courville, Lac-Brome |
Hommage à un vigneron d’exception
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Charles-Henri de Coussergues, Vignoble de l'Orpailleur |
Humaniste dans le sens de gentleman, de grande écoute et de respect
de l’autre ainsi que d’une grande générosité en termes de disponibilité et
d’entraide auprès de ses collègues vignerons et de la relève. Toute personne
qui le connaît et le côtoie sait qu’elle peut toujours compter sur lui pour un
conseil, une aide ou pour tout appui visant à développer le vin québécois. Il
fait toujours bonne impression auprès de ses interlocuteurs. Il dégage une aura
suscitant l’authenticité, l’honnêteté intellectuelle, la sincérité et la confiance.
Ses employés l’apprécient beaucoup. Une de ses employés nous a déjà affirmé
d’ailleurs qu’il était le meilleur patron au monde, rien de moins!
Visionnaire en termes de flair pour détecter les grandes
orientations, les tendances de marché et les habitudes de consommation des
consommateurs. Il a su, avec ses associés, bien positionner son entreprise
Vignoble de l’Orpailleur en matière commerciale et touristique. Toujours axé
sur le principe de la qualité de ses produits, il a développé, à l’Orpailleur,
une gamme de produits et une infrastructure d’accueil du tourisme exceptionnelles
pouvant servir d’exemple au Québec. L’Orpailleur est ainsi devenu un chef de
file, une inspiration au Québec. Par ailleurs, il a co-fondé en 1987, avec
d’autres partenaires (dont l’exceptionnel et unique feu Victor Dietrich du
Vignoble Dietrich-Jooss qui a fermé ses portes en 2004, après le décès de
Victor), l’AVQ et la Noble Confrérie des vignerons du Québec. Cela lui a permis
de rassembler les forces vives du milieu vinicole québécois d’une part et de
faire connaître et de promouvoir le vin du Québec d’autre part. Il visait
toujours par cette implication auprès de la communauté vinicole, à sensibiliser
les autres vignerons à toute l’importance de la qualité et de l’authenticité du
produit, ce qu’il a réussi avec grand brio.
Persévérant, ce qui est une qualité essentielle dans ce genre de
nouveau projet très risqué et dont plusieurs mettaient en doute dans les années
1980 et même 1990. Il s’est montré patient, organisé et déterminé dans
l’atteinte de ses objectifs corporatifs et collectifs. Il a affronté mer et
marées et s’est battu pour le développement de son entreprise et du vin
québécois dans son ensemble. Il a chaussé avec beaucoup de doigté et
d’efficacité les très grands souliers de feu Victor Dietrich à la présidence de
l’AVQ et a martelé toujours son même message axé sur la qualité et
l’authenticité du produit. Sa grande détermination lui aura permis d’apporter
une collaboration considérable au développement de certains dossiers dont la
vente des vins québécois dans les succursales de la SAQ, dans le réseau de la
restauration et dans celui des marchés publics notamment. Par sa persévérance
et son approche humaine et généreuse, il aura collaboré à l’instauration
graduelle au Québec d’un nouvel art de vivre, d’une nouvelle tradition axée sur
le bon goût, soit la dégustation de vins typiquement québécois dans les
vignobles.
Communicateur est une autre de ses forces qu’il a su développer
avec le temps. Ce n’est pas celui qui parle le plus fort mais ses propos sont
toujours pertinents et respectueux, d’où une écoute positive de la part de ses
interlocuteurs. Il sait développer un argumentaire difficilement contestable.
Il a ainsi réussi à convaincre ses associés en 2012 d’investir une somme
importante (en terme de million$) pour construire un nouveau chais et une salle
de réception magnifique avec vue en plongée sur les rangs de vignes du vignoble
et cela, dans le but de mieux répondre aux besoins de la clientèle. À titre de
président de l’AVQ, il a réussi à négocier et à faire approuver la nouvelle dénomination « Vin du Québec certifié » par voie
de réglementation ainsi qu’à obtenir un espace « Origine Québec »
dans les succursales de la SAQ.
Humble, malgré toutes ses belles qualités et ses nombreuses
réalisations, il reste toujours un homme humble. Il a même tendance à passer
sous silence ses réalisations et à en donner le mérite à ses collaborateurs. Il
est donc très apprécié de ces derniers, de ses collègues vignerons et de ses
amis. En fait, tout le monde qui l’entoure l’estime et le respecte beaucoup
pour son humilité, sa simplicité, sa gentillesse et, bien-sûr, pour son
authenticité.
Nous tenons à remercier du fond du cœur ce vigneron d’exception pour TOUT, c’est-à-dire pour son grand enthousiasme, sa grande disponibilité et enfin son apport exceptionnel à la communauté vitivinicole québécoise. Il a eu un impact direct et très significatif sur la communauté vitivinicole et sur la qualité du vin québécois. Sans son implication assidue, les vins québécois et particulièrement les vins blancs, mousseux, de vendanges tardives et de glace, n’auraient pas atteint leur haut niveau de qualité actuel. Ces vins ont acquis leurs lettres de noblesse et sont maintenant en mesure de rivaliser avec les grands de la planète vinicole. À nos yeux, Charles-Henri est un grand vigneron d'exception!
Quelques petits trucs
À l'instar de Charles-Henri qui adore partager quelques trucs de vignerons avec ses collègues, nous aimerions aussi partager une ou deux habitudes que nous avons développées avec le temps. Lors de nos tournées de vignobles, nous achetons généralement au moins deux bouteilles des vins dégustés que nous avons préférés. Nous en dégustons un dans l'année qui suit et l'autre dans les deux années suivantes, et même trois années pour les meilleurs. Nous sommes ainsi en mesure de constater leur bonification dans le temps. Pour les vins de vendanges tardives et vins de glace, nous dégustons la deuxième bouteille dans les trois à cinq années qui suivent et même parfois jusqu'à dix années.
Également, nous n’hésitons pas à demander un crachoir dans les vignobles (et aussi dans les salons de vins) afin d’éviter d’avaler le vin et ainsi de mieux l’apprécier. Cela permet aussi de prendre le volant, le cas échéant, en sécurité!
Anecdote
Lorsque monsieur Rodrigue Biron, le ministre ayant autorisé le projet expérimental biennal sur les vignobles en 1982 et 1983, a
quitté ses fonctions de ministre de l'Industrie et du Commerce quelques mois après ce fameux souper de
vignerons œnologues décrit ci-haut, il a réuni les gestionnaires du ministère
pour les saluer. Jacques en a alors profité pour lui offrir une bouteille du
vin blanc de l’Orpailleur dégusté à Bordeaux en lui résumant brièvement
l’expérience vécue avec les vignerons œnologues français. Il a accepté avec
plaisir et a ajouté à peu près ces mots : Je suis très fier de ce projet
des vignobles québécois, c’est un peu comme un beau et long rêve! Je leur
souhaite un vif succès!
Aujourd’hui et grâce notamment à l’apport de Charles-Henri, le souhait de monsieur Biron est devenu réalité. Enfin, les belles qualités d'humanisme de notre vigneron d'exception semblent s'être transmises au sein de la communauté vitivinicole québécoise! En effet, un nouveau viticulteur de la région de Sutton a vécu un drame familial récemment (mai 2021). Son enfant s'est blessé gravement, ce qui a pris tout son temps et son énergie. Les collègues-vignerons des environs, dont Charles-Henri, se sont alors mobilisés pour lui venir en aide, ce qui a permis de sauver sa récolte.
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Sabrage du vin mousseux, vignoble Cep d'Argent, Magog |
Les cinq vignerons pionniers qui ont participé au projet pilote de 1982 et 1983 sont:
Vignoble Angel, St-Bernard-de-Lacolle, (fermé)
Vignoble Domaine des Côtes d’ardoise, Dunham
Vignoble de l’Orpailleur, Dunham
Vignoble de St-Alexandre (M. Agarla), Saint-Alexandre (fermé)
Vignoble La Vitacée, Sainte-Barbe (fermé)
Quelques adresses utiles :
Conseil des vins du Québec : https://vinsduquebec.com/trouver-un-vignoble/ ;Association des microbrasseries du Québec : https://ambq.ca/carte-interactive ;
Où manger à Dunham:
Bistrot Le Tire-bouchon, Vignoble de l’Orpailleur, 1086 route 202, Dunham (heure du midi)
Bistrot Bodega, 3698 rue Principale, Dunham
P.S. : Le magazine Vins & Vignobles a publié la grande majorité de cet article en 2015.