jeudi 25 février 2021

Jeux vinicoles de Noël 2011: Bordeaux vs Californie (en rediffusion)

 

Les vins dégustés

Le film Bottle Shock (La dégustation Choc) que nous avions vu auparavant nous a incité à en apprendre davantage sur cette grande dégustation historique qui a eu lieu à Paris en 1976 entre vins californiens et vins français. Cette dégustation, également connue sous la dénomination Jugement de Paris de 1976, a été répétée quelques fois depuis et, en l’occurrence, en 1978, 1986 et 2006 pour son trentième anniversaire. Toutes ces compétitions-dégustations effectuées pour la plupart à l’aveugle, des deux côtés de l’Atlantique, en ont étonné plusieurs! En effet, quelques vins californiens ont détrôné certains grands crus classés français et cela, tant pour les vins blancs que pour les  rouges.  

Les résultats des plus intéressants et intrigants de ces dégustations nous ont convaincu d’organiser une dégustation familiale, à l’aveugle, entre trois vins rouges californiens et français, plus un vin intrus. Il s’agissait donc d’un jeu amical organisé dans le cadre d’un repas du temps des Fêtes et non d’une dégustation officielle entre experts. 

Quelques règles du jeu  

Huit membres de la famille, amateurs de vins, et Jacques à titre d'animateur (et dégustateur mais qui ne cotait pas les vins), se sont prêtés au jeu. Tous savaient que la dégustation comprenait trois vins rouges bordelais ou californiens, à base surtout de cabernet sauvignon, et un vin rouge intrus d’une autre origine. À l’aide d’une fiche de dégustation, chaque dégustateur devait mirer, sentir, goûter et allouer une seule note globale de 1 à 10 pour chaque vin, tout en tentant d’en identifier l’origine. La note 6 correspondait à un  bon vin, 7 un très bon vin, 8 un grand vin, 9 un très grand vin et 10 un vin exceptionnel. J’ai suggéré de ne pas noter en dessous de 5 ni au dessus de 9+.  Chaque dégustateur devait garder ses résultats pour lui-même (secrets) jusqu’à la fin du jeu, moment où je dévoilerais l’identité de chaque vin et son origine. Les vins ont été dégustés du plus jeune au plus vieux. Le premier vin accompagnait un pâté à la dinde avec asperges et les trois autres vins étaient servis avec un plateau de fromages (Gaulois de Portneuf, Oka, Riopel et cheddar Perron, deux ans).  

Résultats  

Nous avons été étonnés des résultats obtenus. D’abord, ceux-ci étaient très homogènes.  Les résultats de chaque dégustateur, pour chaque vin, étaient très proches l’un de l’autre; un dégustateur a coté un vin, une seule fois, avec un écart de plus de 20% de la moyenne du groupe. Aussi, plusieurs dégustateurs ont pu identifier l’origine exacte des vins. Enfin, le vin intrus s’en est très bien sorti, ainsi que les dégustateurs! 

Voici les vins dégustés et les résultats : 

Vin 1 : Réserve Alexandre 2009 du Vignoble Isle de Bacchus,  Île d’Orléans, Québec.  Cet intrus a réussi à obtenir la note moyenne de 7,0 sur 10, ce qui correspond à un très bon vin. Quatre personnes ont identifié l’origine (Québec/Canada) alors que deux croyaient que le vin provenait d’Italie, un autre l’a pris pour un vin chilien et un dernier pour un vin argentin! Nos commentaires : joli vin, fin et tout en nuance : fruité (petits fruits rouges), un soupçon d’épices, de poivre et de vanille, bref un vin très agréable avec du pâté à la dinde. 

Vin 2 : Château Soudars 1996, Haut-Médoc, Bordeaux.  La note moyenne obtenue est de 7,7. Trois dégustateurs ont pu identifier l’origine alors que les cinq autres se croyaient en territoire californien! Nos commentaires : un vin avec de doux tannins, ample, notes de sous-bois, un peu rêche.   

Les deux vins coup de coeur des jeux
Vin 3 : Stags’ Leap Winery 1994, Napa Valley, Californie.  La note moyenne allouée est de 8,7. Cinq personnes ont détecté son origine alors que trois l’ont assimilé à un vin bordelais. Nos commentaires : un très beau vin, fruité (confiture de cassis et framboise), parfum de vanille, rond, plein, élégant, d’une grande finesse et d’une finale très harmonieuse, bref, un très grand vin qui aurait pu obtenir la note de 9  

Vin 4 : Château Mouton Rothschild 1992, Pauillac, Bordeaux.  À l’instar du Jugement de Montréal, le groupe lui a attribué la plus haute note de 9,1. Coup de théâtre : sept personnes sur huit ont réussi à en identifier l’origine! Nos commentaires : Un grand cru aux saveurs complexes et intenses, début de cuir voilant le fruit (cassis), long en bouche et avec des notes animales (arôme et goût).   


Rappelons ici que lors du jugement de Paris de 1976 comparant dix vins blancs et dix vins rouges français et californiens, le très surprenant vin rouge Stag’s Leap Wine Cellars 1973, de Napa Valley, a obtenu la meilleure note, devant notamment le Château Mouton Rothschild 1970, Premier Grand Cru classé de l’appellation Pauillac, Bordeaux, au millésime exceptionnel, (réf. : Jugement de Paris 1976, vin). Toutefois, une dégustation effectuée à Montréal en 2009 vint en quelque sorte rétablir la notoriété des vins français sur les californiens.  Château Mouton Rothschild a alors obtenu le meilleur résultat pour  les vins rouges, suivi de deux autres vins rouges français (réf. : Jugement de Montréal 2009, vin).  

Mentionnons par ailleurs que pour célébrer la nouvelle année, nous avons ouvert une bouteille du mousseux français Première Bulle de Sieur d’Arques, un vin exquis recommandé par la revue Vins & Vignobles de décembre 2011. Également, nous avions en entrée une salade californienne au canard fumé accompagnée du vin blanc Cuvée Spéciale 2003 de l’ex-vignoble Dietrich-Jooss d’Iberville, Québec (vignoble exemplaire ayant gagné plus d’une centaine de prix et médailles et qui a dû fermer ses portes en 2004 suite au décès de son propriétaire Victor Dietrich). Ce vin s’était merveilleusement bien conservé : avec un beau fruit exotique de litchi et de mangue. Enfin, nous avons dégusté l’excellent porto Vintage Cruz 1989 avec une mousse pralinée Valron, l'un des meilleurs chocolatiers de la région de Québec, un mariage sublime pour clore en beauté cette très belle soirée familiale et mémorable.

N.B.: La revue VINS & VIGNOBLES  a publié cet article de façon quasi-intégrale en 2012.