mercredi 3 mars 2021

Jeux vinicoles de Noël 2012, Californie vs Bordeaux (en rediffusion)

Les vins dégustés lors du repas et du jeu vinicole
Comme c’est devenu pratiquement une tradition chez la famille Ouimet, nous avons renouvelé notre jeu vinicole familial du temps des Fêtes en comparant des vins provenant de Californie et de Bordeaux. Cette année, nous avons choisi cinq vins à base du cépage merlot essentiellement. À Noël 2011, à l’instar de la Grande Dégustation de Paris de 1976, connue également sous la désignation de Jugement de Paris de 1976, où plusieurs vins californiens avaient détrôné certains crus du Bordelais, nous avions sélectionné, pour nos jeux, trois vins californiens et bordelais composés principalement du cépage cabernet sauvignon.

Rappelons que le Jugement de Paris, composé de dégustateurs français chevronnés, comparait dix vins blancs du cépage chardonnay et dix vins rouges du cépage cabernet sauvignon de France (Bordeaux pour les rouges) et de Californie. Cette dégustation a été reprise à plusieurs occasions depuis, de chaque côté de l’Atlantique. Les résultats étaient toujours semblables à ceux de 1976 en ce sens que, comme déjà mentionné, les vins californiens étaient préférés aux vins rouges de Bordeaux, à une exception près! En effet, l’événement a été repris à Montréal en 2009 et les vins bordelais l’ont alors emporté sur les vins californiens (re : Jugement de Montréal). Lors de notre jeu vinicole familial de Noël 2011, Château Mouton Rothschild 1992, 1er Grand Cru de l’appellation Pauillac, l’a également emporté, avec un écart de seulement 0.4  sur le vin de Stag’s Leap Winery 1994 de Napa Valley.

Notre jeu vinicole familial consiste à déguster des vins dans le cadre d’un repas du temps des Fêtes. Les vins sont mirés, sentis, goûtés et notés selon l’échelle suivante sur un maximum de 10 points : 5 (vin non acceptable), 6 (bon vin), 7 (très bon vin), 8 (grand vin), 9 (très grand vin) et 9,5 (exceptionnel). Chaque personne participant au jeu tente aussi de deviner l’origine et le millésime du vin. Les deux premiers vins accompagnaient une assiette de vol au vent à la dinde et aux légumes alors que les autres vins étaient servis avec un plateau de fromages à pâte molle et semi-ferme. 

Les vins sélectionnés en cette fin d'année de 2012 étaient :

Vin # 1 :   Château Canon de Brem 2004, Canon Fronsac

Vin # 2 :   Château La Croix du Casse 1999, Pomerol

Vin # 3 :   Château Cheval Blanc 1994, 1er Grand Cru Classé, St-Émilion Grand Cru

Vin # 4 :   Château Julien - Merlot 1995, Private Reserve, Monterey County, California

Vin # 5 :   Merlot - Ironstone Vineyards 1995, Famille Kautz, Highlands California

Considérant la classe (renommée) du vin # 3, nous avons préalablement présumé que ce 1er Grand Cru devait avoir vieilli moins rapidement que les deux derniers vins de la dégustation. Nous l’avons donc positionné avant ceux-ci dans l’ordre de la dégustation. Ces deux derniers vins étaient plus jeunes d’une année (millésime 1994 pour le vin # 3 et 1995 pour les vins # 4 et 5).

Les résultats

Les résultats sont étonnants. Les dégustateurs ont réussi à identifier la bonne origine des vins dans la majorité des cas mais ont éprouvé un peu plus de difficultés à évaluer l’âge des vins et à les noter de façon homogène. Le vin # 2 ayant vieilli prématurément, cela a pu désavantager le pointage du vin suivant (vin # 3).

Vin # 1:  Les sept participants de la dégustation ont été agréablement surpris par la qualité et la jeunesse de ce vin et ils l’ont noté en moyenne 7,7. Certains de ceux-ci mentionneront à la fin de la dégustation qu’ils l’auraient probablement noté avec un pointage plus élevé si ce premier vin avait été dégusté plus tard dans la dégustation. La majorité des dégustateurs sont parvenus à identifier l’origine véritable du vin alors que seulement deux en ont presque découvert le millésime, à une ou deux année(s) près. Ce beau vin de l’appellation Canon Fronsac (Libournais) avait gardé une fraîcheur véritable avec beaucoup de fruit (prune et petits fruits rouges) et une jolie rondeur en bouche.

Vin # 2 :  Ce vin de l’appellation de Pomerol ayant vieilli plus rapidement que les autres vins de la dégustation, a été coté 7,6 par le groupe. Une seule dégustatrice a pu identifier l’origine du vin. Les dégustateurs ont réussi à évaluer le millésime de ce vin,  à une ou deux années près. Nous sommes en présence d’un vin légèrement sur son déclin où nous pouvons détecter des notes de vieux champignons, de sous-bois et de cuir. 

Deux des trois vins coup de coeur des jeux
Vin # 3 :  Ce 1er Grand Cru de l’appellation de St-Émilion a été quelque peu désavantagé par le vin précédent. En effet. il avait conservé une réelle jeunesse malgré ses cinq années de plus que son prédécesseur qui lui, avait vieilli de façon prématurée. L’écart dans les cotes des dégustateurs était plutôt prononcé, soit un pointage variant de 7 à 9, pour une moyenne de 8,1. Un seul dégustateur a trouvé le bon millésime alors que les autres l’ont évalué en moyenne cinq ans plus jeune. La plupart des participants a trouvé l’origine du vin. Ce dernier pouvait vieillir encore et aurait ainsi pu être laissé en cave plusieurs années. Il était dense, plein, rond, avec des notes épicées et de champignons.

Vin # 4 :  Ce très grand vin de la région de Carmel, comté de Monterey au sud de San Francisco, a été le coup de cœur de tout le monde puisque le groupe lui a attribué la note moyenne de 9,1. Aucun membre du groupe n’a pu néanmoins déceler son origine californienne car tous et toutes l’ont pris pour un grand vin français. Également, ils l’ont vieilli de trois ans en moyenne! Ce vin n’était pas facile à décoder. Il était intense, complexe, élégant, encore sur le fruit (prune et mûre) malgré son âge et auquel se mélangeait des odeurs et un goût d’épices, de poivre noir, de champignons sauvages et d’un petit quelque chose d’irrésistible! Il brillait en bouche avec une rondeur parfaite et une belle longueur.

Vin # 5 :  Ce grand vin californien de la région de Murphys, à l’orée de la chaîne de montagnes Sierra Nevada à l’est de la baie de San Francisco, a été très apprécié des dégustateurs qui lui ont alloué la même  cote que Château Cheval Blanc, soit 8,1. Un dégustateur sur deux a découvert son origine et le groupe l’a jugé un peu plus vieux de trois ans en moyenne (1992). Il dégageait de belles notes de champignons et de poivres ainsi qu'une bonne longueur en bouche. Il était très rond, à point et ses tanins étaient fondus et fort agréables.

Mentionnons en terminant que la soirée a débuté en dégustant le mousseux Cava Codorniu Clasico Brut avec de petites bouchées, le tout suivi d’une salade aux tomates, cantaloup et prosciutto servie avec le vin blanc Doulce France 2011 du producteur Noël Bougrier, appellation Vouvray, France. Pour clore en beauté ce repas mémorable du temps des Fêtes, nous avons dégusté une bûche de Noël pralinée du fameux chocolatier-pâtissier Valron de Québec (maintenant fermé) avec un porto LBV 2007 de la maison Graham’s, un très beau mariage. 

N. B. : Le magazine VINS & VIGNOBLES a publié cet article en 2013.