Les falaises morcelées et érodées en bord de mer, Îles de la Madeleine |
Nous avons décidé de voyager à l’intérieur du pays cette année et avons ainsi choisi les Îles de la Madeleine et les provinces maritimes. Après un séjour à Rimouski où nous avons assisté au Festijazz de cette charmante ville du Bas-St-Laurent, nous avons pris la direction de Moncton. Puis, nous nous sommes rendus à Souris, Île-du-Prince-Édouard, où nous attendait le traversier pour les très belles Îles de la Madeleine. Au retour des Îles, nous avons fait un saut de puce à Charlottetown, capitale de l’Île-du-Prince-Édouard, et nous avons séjourné à Halifax afin de visiter cette superbe ville, capitale de la Nouvelle-Écosse, ainsi que les vignobles de la vallée d’Annapolis. Nous avons terminé ce beau voyage en Atlantique dans la région de Chaudière-Appalaches, après une brève halte à Saint-Andrews, Nouveau-Brunswick, et au lac Témiscouata, région du Bas-du-fleuve. Nous désirons partager nos coups de cœur de ce beau voyage, à saveurs vinicole et brassicole.
Rimouski est l’une des belles
villes du Bas-du-Fleuve de par sa proximité avec la mer. Sa promenade de la mer
d’une longueur de quatre kilomètres en met plein la vue et permet d’admirer
l’Île Saint-Barnabé et ses nombreux oiseaux aquatiques, dont ses grands hérons bleus,
ainsi que les paysages magnifiques du Bic. L’accueil chaleureux des Rimouskois est
notable. Les bières de la microbrasserie Le Bien et le Malt sont vraiment savoureuses et notamment la rousse et la brune. Le vignoble Domaine
du Lac de Saint-Mathieu-de-Rioux, entre Rivière-du-Loup et Rimouski, offre
des vins délectables (ce vignoble a fermé ses portes en 2017). En roulant sur
les routes 134 et 11 du Nouveau-Brunswick, entre Campbelton et Moncton, nous avons
croisé plusieurs villages et villes bucoliques aux noms évocateurs :
Dalhousie, Belledune, Petit-Rocher, Richibucto, Bouctouche et Shediac.
Moncton a beaucoup changé depuis
notre séjour en résidence dans cette ville au début des années 1970 où Jacques étudiait, à
l’époque, à l’Université de Moncton. Le centre-ville a été restauré avec brio et
une autoroute ceinture maintenant la ville, en longeant le campus universitaire.
Une piste cyclable traverse son centre-ville ainsi que ses espaces verts
(parcs). Il faut goûter aux très bonnes bières de la microbrasserie The Pump
House Brewery. Nous avons aimé la rousse Fire Chief Red et la noire Muddy River
Stout, bières qui accompagnent très bien leur fish & chips : délicieux.
Le sud du Nouveau-Brunswick regroupe
une douzaine de vignobles. Nous avons visité celui de la Côte Magnétique (Magnetic Hill Winery) de Moncton.
Il élabore des vins de raisins et des vins de fruits, comme plusieurs autres
vignobles néo-brunswickois. Curiosité chez ce vignoble, il a développé le vin blanc
« Illusions » à base de rhubarbe.
Son propriétaire monsieur Zachary Everett qui
parle très bien français et est très accueillant, nous expliquait que la majorité
de sa production se compose de vin de rhubarbes. Ce vin qui a gagné des
médailles d’or dans un concours vinicole en Atlantique en 2010, 2011 et 2012, nous
a agréablement surpris avec un beau fruité d’agrumes (pamplemousse) au nez et
en bouche ainsi qu’un goût acidulé rappelant quelque peu le sauvignon blanc, le
tout avec une touche de sucre résiduel en finale. Nous avons aussi aimé son
Mascaret, nom inspiré du phénomène des hautes marées de la baie de Fundy, un
vin rouge fruité produit avec les cépages hybrides Marquette et Frontenac.
Enfin, sa boisson à base de sève d’érable Chocolate
River Maple, échantillon prélevé directement du fût, nous a charmés. Ce produit délicieux aux parfums d’érable, de vanille et de fumée et au goût de
caramel et d’érable, est vieilli jusqu’à deux ans et demi dans des fûts de
chêne ayant servi antérieurement à élever du whiskey bourbon. La production de
cette boisson est particulière : elle est vieillie selon le procédé dit
« SWISH ». Cette technique utilisée aux États-Unis selon monsieur
Everett consiste à ouiller régulièrement les fûts avec de la boisson à base de
sève d’érable non vieillie puis à rincer chaque baril, à la fin de la période
de vieillissement de la boisson, avec un peu d’eau (ici l’eau est remplacée par
de la boisson fermentée non-vieillie à base de sève d’érable); on fait rouler le
baril contenant la boisson de rinçage afin d’en extraire le résidu des arômes et
on la mélange avec la boisson vieillie.
M. Zachary Everett, Magnetic Hill Winery, Moncton, N-B |
D'autres falaises érodées, Îles de la Madeleine |
Fromagerie du Pied-de-Vent, Havre-aux-Maisons, Îles de la Madeleine |
Kiosque à homard, Souris, IPÉ |
Le rocher de granite de Peggy's Cove, N-É |
En 2012, la
nouvelle appellation « Tidal Bay » était créée et les premiers vins
néo-écossais portant cette appellation
étaient alors commercialisés. Essentiellement, celle-ci stipule que :
- - les vins doivent provenir des cépages autorisés dont
l’Acadie blanc (selon Dr Astrid Friedrich de Gaspereau vineyards, le cépage
principal utilisé dans un tel vin doit représenter au moins 50% du produit fini);
- - le raisin doit être récolté exclusivement en
Nouvelle-Écosse;
- - le taux alcoolique des vins ne doit pas excéder
11% en volume et;
- - les vins doivent subir avec succès un test de
dégustation pour avoir droit à l’appellation.
De par la
variété des cépages hybrides et la rigueur de leur climat, certains vins blancs néo-écossais ont une certaine ressemblance avec les vins québécois. Ils sont
frais, vifs, aromatiques et se marient très bien avec les fruits de mer. Quelques vignobles produisent aussi de bons
vins à base de cépages vitis vinifera dont le pinot blanc et le pinot noir. Nous
avons aimé les vins de Blomidon Estate, L’Acadie Vineyards, Jost Vineyards, Mercador Vineyards, Gaspereau Vineyards,
Domaine de Grand Pré et Luckett Vineyards.
Nos vins blancs néo-écossais coups de coeur:
Domaine de Grand Pré : le Champlain, un mousseux frais et vif élaboré selon la méthode traditionnelle, L'Acadie Blanc, un blanc fruité (pomme verte) et vanillé, le Tidal Bay à base en majorité d'acadie blanc et aussi de seyval blanc, un vin très fruité (limette) et légèrement vanillé et l'excellent cidre de glace Pomme d'Or, fin et caramélisé.
Nos vins blancs néo-écossais coups de coeur:
Filets sur les vignes, Domaine de Grand Pré, N-É |
Gaspereau vineyards : L'Acadie Blanc, beau vin blanc vif et fruité (agrumes : pamplemousse et citron-lime), le riesling, un blanc minéral, acidulé et avec un peu de sucre résiduel, le Seyval Blanc, un blanc fin, fruité (pomme verte), vanillé et avec une touche de sucre résiduel et le Tidal Bay composé majoritairement de seyval blanc et aussi de vidal, de chardonnay et de muscat, un blanc vif, herbacé et vanillé dû au muscat.
Luckett Vineyards : le Tidal Bay Premier White dominé par l'acadie blanc et suivi du muscat et de l'ortega, un vin vif, acidulé, floral et fruité (pamplemousse). Le rouge Black Cab élaboré avec du cabernet sauvignon et du maréchal Foch est fruité (petits fruits noirs : mûres), tannique et vanillé.
ANECDOTE À
CARACTÈRES HISTORIQUE ET CONTEMPORAIN
Site du Grand Pré, N-É |
On a organisé une
commémoration de cet exploit pendant l’été de 1955 pour en souligner le 200ième
anniversaire à Moncton. Le comité organisateur a alors tenu un premier rassemblement
qui a réuni plus de 5 000 personnes et que l’on nomma Le Grand Tintamarre. Ce
dernier s’est répété durant l’été de 1979 en vue de célébrer le 375ième
anniversaire de l’Acadie et s’est répandu depuis dans toute l’Acadie. Par
ailleurs, notre serveuse de la microbrasserie de Moncton nous a raconté, dans
un français un peu difficile (avec plusieurs mots en anglais) que ses parents acadiens
ne communiquaient qu’en anglais à la maison (comme d’autres familles acadiennes
à l’époque selon les dires de notre serveuse), dans le but de favoriser un meilleur
avenir à leurs enfants! Elle a tout de même appris à se débrouiller en français
grâce à ses grands-parents qui lui parlaient
uniquement dans cette langue. Si le français ne l’a pas eu facile en Acadie, la langue, elle, est toujours vivante.
Hôtel Algonquin, St-Andrews, N-B |
Nous terminons
notre périple à l’auberge des Glacis, l’Islet, région de Chaudière-Appalaches.
Nous connaissons ce havre de paix depuis une quinzaine d’années, il s’agit d’un
ancien moulin à farine érigé en pleine nature sur les bords de la rivière
Tortue. Il a été converti en auberge et est maintenant membre du réseau
Hôtellerie Champêtre (Origine). L’auberge s’est mérité plusieurs prix touristiques au
cours des années dont trois en 2016 (hébergement, restauration et une mention
pour son site web). Nous l’apprécions pour sa tranquillité et pour l’excellence
de sa cuisine régionale d’inspiration française. Notre hôte, Nancy, est très sympathique et fière de sa région. Elle se fait un devoir de nous faire découvrir
de nouveaux producteurs et de nouveaux produits du terroir. À titre d’exemple, la carte des vins offre plus d’une douzaine
de vins et cidres québécois, sans parler des bières et des fromages locaux. Nos
dernières découvertes : le vin Blanc de Lemay du vignoble La Charloise,
Lotbinière, (vif, raffiné et fruité : pomme verte) et la bière La Barbe Bière
(american red) de la microbrasserie Ras L’Bock de St-Jean-Port-Joli, une bière
pleine, houblonnée, fruitée (framboise) et caramélisée.
En conclusion, on
peut faire de belles découvertes vinicoles, brassicoles et gastronomiques sans devoir se rendre au bout du monde.
Également, nous avons beaucoup aimé les paysages fantastiques des Îles de la Madeleine
et des provinces maritimes. Enfin, nous gardons un très bon souvenir des gens
de cœur et de conviction que nous avons rencontrés et avec lesquels nous avons
échangé sur leurs passions et leur coin de pays.
Où se
loger :
-
Hôtel Rimouski, Rimouski, QC
-
Hôtel Fairfield Inn, Moncton, N-B
- Hôtel BW Chocolate Lake, Halifax, N-É
-
Hôtel Algonquin, St-Andrews, N-B
-
Auberge des Glacis, l’Islet, QC
Où manger :
-
Restaurant La Réserve, Rimouski, QC
-
Bistrot 33, Moncton, N-B
-
Restaurant La Moulière, Domaine du Vieux
Couvent, Havre-aux-Maisons, QC
-
Restaurant The Five Fishermen, Halifax, N-É
-
Restaurant de l’Hôtel Algonquin, St-Andrews, N-B
-
Restaurant de l’Auberge des Glacis, l’Islet, QC
Photos et textes :
Suzanne et Jacques Ouimet.
La revue Vins & Vignobles a publié la quasi-intégralité de cet article en 2016.
La revue Vins & Vignobles a publié la quasi-intégralité de cet article en 2016.
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