mercredi 26 juin 2024

L'industrie des boissons alcooliques, un fleuron du terroir québécois en évolution

Voilier viking de type drakkar

Ce n’est pas d’hier que les boissons alcooliques suscitent de l’intérêt au Québec. La petite histoire nous apprend que le Viking Leif Eiriksson aurait visité l’Amérique du Nord un peu avant l’an 1 000 à bord de son voilier de type drakkar. Il aurait nommé Vinland (la terre des vignes), la région de l’Est de l’Amérique du Nord s’étendant de Terre-Neuve jusqu’à la Nouvelle-Angleterre, en raison des nombreux plants de vignes sauvages que l’on y trouvait. Jacques Cartier nomma pour sa part l’Île d’Orléans « l’Isle de Bascus » car « y treuvasmes force vignes » en septembre 1535. 

Brasserie Molson, Montréal
La première tentative d’implanter une brasserie à Québec revient aux Jésuites. Dès son ouverture en 1647, cette production répond aux besoins de la communauté. Il faut attendre 1668-1669 pour assister à la mise en place d’une brasserie industrielle à Québec par l’Intendant Jean Talon. En 1786, John Molson (Molson Coors) fonde sa première brasserie à Montréal. À la même époque et utilisant souvent la même matière première (malt
d’orge), des brasseurs ouvrent des distilleries à Beauport, à Trois-Rivières et à Montréal. La St-Roc Distillery fut d’ailleurs la première distillerie créée à Québec en 1769. C’est surtout au 19e siècle que l’industrie brassicole prend son envol, John Knight Boswell (Dow) ouvre sa brasserie à Québec en 1844. Celle-ci sera acquise plus tard par Molson. D’autres brasseries concurrencent les Molson. Mentionnons entre autres celle de John Kinder Labatt, laquelle sera achetée par Interbrew en 1995.

Le Québec crée la Commission des liqueurs en 1921 et est la seule province à légiférer à cette époque afin d’encadrer le commerce et l'approvisionnement de l’alcool, ce qui fit alors du Québec un carrefour très important du marché des spiritueux en territoire d’Amérique. Samuel Bronfman profite de l’occasion pour fonder Distillers Corporation à Montréal en 1924. Celle-ci fusionne avec la compagnie Seagram en 1928 et devient un géant dans l’industrie de l’alcool et le plus grand distillateur au monde. Seagram appartient aujourd'hui notamment au groupe Pernod Ricard.

Les boissons alcooliques artisanales

Lever de soleil sur le vignoble Côtes d'Ardoise, Dunham
Après l’échec du cidre industriel dans les années 1970, dû essentiellement à des problèmes d’image, principalement de qualité et de positionnement du produit, alors ministre de l’Industrie, du Commerce et du Tourisme du Québec (MICT), Rodrigue Biron autorise en 1983 la production artisanale de boissons alcooliques. Malgré les caprices du climat québécois et des réserves de certains intervenants de l’époque, il réussit, grâce à sa fougue et sa détermination, à convaincre le conseil des ministres sur les avantages de cette production. Celle-ci englobait alors le vin, le cidre, la bière, l’hydromel, les boissons à base de petits fruits et les mistelles (moût de fruits fortifié avec de l’eau-de-vie). En 1982, le ministre Biron avait préalablement autorisé un projet-pilote de cinq vignobles, pour une durée de deux ans, afin de s’assurer de la vivacité de la vigne au Québec. Il croyait vraiment dans le développement de la petite entreprise ainsi que dans le développement régional et touristique.

Afin d’éviter les problèmes vécus par le cidre industriel, nous nous sommes inspirés, au Québec, des pratiques utilisées en Ontario, en Californie et en Europe, particulièrement en France, pour accompagner et encadrer (réglementer) la production artisanale de boissons alcooliques. Nous avons priorisé au départ l’échange, la concertation et le regroupement entre les différents intervenants gouvernementaux et les producteurs-productrices, le tout sous la coordination du MICT. Le producteur devait être reconnu comme producteur agricole, sauf pour la bière. En matière de regroupement, nous favorisions l’implantation de quelques producteurs dans une même région, dont Dunham pour les vignobles. Également, le regroupement au sein d’association de producteurs permettait l’échange et le partage d’informations entre eux. Cette pratique se poursuit toujours aujourd'hui, ce qui constitue l’une des forces des producteurs québécois. Fort heureusement, des experts d’origine européenne, dont quelques œnologues français, parmi les nouveaux producteurs, ont accepté de partager leur savoir-faire avec leurs collègues.

Aujourd’hui, près de mille producteurs-productrices détiennent un permis de production de boissons alcooliques au Québec dont quelque 330 microbrasseries, 160 vignobles, 100 cidreries et 60 distilleries (la première micro-distillerie est apparue au Québec en 1999). Ils ont remporté plusieurs milliers de prix et médailles dans des compétitions nationales et internationales. Certains ont réussi à exporter leurs produits sur les marchés étrangers. Dunham est devenue la capitale québécoise du vin.

Quelques coups de coeur

Brasserie de Dunham, Dunham
Voici quelques-uns de nos coups de cœur pour découvrir ces producteurs-productrices et goûter leurs produits: les microbrasseries Archibald et La Souche (région de Québec), Auval (Val d’Espoir), Charlevoix (Baie St-Paul), Dunham (Dunham), La Fabrique (Matane), McAuslan (Montréal), Ras l’bock (Saint-Jean-Port-Joli) et St-Pancrace (Baie-Comeau); les vignobles Cep d’argent (Magog), Château Ste-Agnès (Sutton), Côtes d’ardoise, Orpailleur et Val Caudalies (Dunham), Marathonien (Havelock), Chat botté et Vignes des Bachantes (Hemmingford), Rivière du Chêne (Saint-Eustache), Sainte-Pétronille, Saint-Pierre et Cassis Monna (île d’Orléans); les cidreries du Minot (Hemmingford), Michel Jodoin (Rougemont) et Clos Saragnat (Frelighsburg) ainsi que les hydromelleries Ferme apicole Desrochers (Ferme-Neuve) et Miellerie King (Kingsey Falls). 

Au tournant des années 2 000, les premières micro-distilleries font leur apparition au Québec. Celles-ci produisent de très bons spiritueux (gins, vodkas, rhums et acerums à base de sèvre d'érable) et liqueurs dont les distilleries Vice & Vertu (Saint-Augustin-de-Desmaures), Le Cartel des spiritueux (Bedford), Stadaconé (Québec) et Témiscouata (Auclair). Si vous êtes amateur de fins whiskys, il faut visiter et goûter aux excellents whiskys de Distillerie Côte des Saints (Mirabel).

Remerciements

Feu Victor Dietrich en période de vendanges
En plus de monsieur Biron qui laisse un legs extraordinaire à la société québécoise, nous aimerions remercier les producteurs, productrices et leurs conjoint(e)s du début (1983-96) pour leur vision, leur créativité et leur persévérance. Merci aussi aux experts d’origine européenne et québécoise qui ont accepté de s'impliquer et de partager leur savoir-faire. Un merci particulier à feu Victor Dietrich du vignoble Dietrich-Jooss (maintenant fermé). Toujours dans le secteur du vin, merci à Charles-Henri de Coussergues (Orpailleur),
Jean Joly (Marathonien), Étienne Héroux (Morou) et aux frères Jean-Paul et François Sieur (Le Cep d'argent); dans celui du cidre, merci à Robert Demoy (du Minot), Christian Barthomeuf  (Clos Saragnat) et Michel Jodoin (Cidrerie Michel Jodoin); pour la bière, merci à Jérôme Catelli-Denys (Le Cheval blanc – Brasseurs RJ - GMT - Belle Gueule), Laura Urtnowski (Brasseurs du Nord - Boréale) et  pour l'hydromel, merci aux frères Patrick et Stéphane Vanier (Les Saules). Enfin, ce projet de production artisanale de boissons alcooliques n'aurait pas connu un tel succès sans l'implication de trois proches collaborateurs et précieux complices du MICT: Claude, Marcel et Yvon, merci! 

Notre souhait pour l'avenir serait que la relève de nos pionniers producteurs et productrices puisse poursuivre la belle progression de leurs prédécesseurs, toujours dans un contexte de concertation et d'entraide, et aussi qu’elle réussisse à accroître leurs parts de marché sur les marchés étrangers.

Jacques Ouimet, directeur responsable du développement de l’industrie des boissons alcooliques, ministère de l’Industrie, du Commerce et du Tourisme du Québec (Développement économique),1983-96.

N.B. : La revue REFLETS a publié cet article dans sa quasi-intégralité, en mars dernier, sous le titre "L'industrie des boissons alcooliques, un fleuron de l'économie québécoise en évolution".

Vue du Vignoble Sainte-Pétronille, Île d'Orléans

lundi 3 juin 2024

10 000 MERCIS!

Masques de sable sur une plage de Torremolinos, Costa del Sol, Espagne

MERCI
 à nos 10 000 lecteurs, essentiellement francophones et francophiles mais aussi de différentes langues utilisant les services de traduction, qui nous suivent et qui viennent d'atteindre plus de 10 000 lectures. Précisons que plus de 800 lecteurs provenant de quelques sites de voyageurs, amoureux de l'Andalousie et de la Costa del Sol, nous ont lus au cours du dernier mois.

Selon les données de Blogspot, 45% de nos lecteurs proviendraient du Québec - Canada, 25% des États-Unis, 12% de Singapour, 3% de France et 3% de l'Ukraine. Plus ou moins 1% provient de chacun de ces pays: Allemagne, Russie, Suède, Espagne, Royaume-Uni, Corée du Sud, Italie et Roumanie. D'autres lecteurs nous lisent de la Suisse, des Pays-Bas, de Finlande, du Portugal, de la Belgique et de Hong Kong. Enfin, quelques lecteurs provenant d'une vingtaine de pays différents nous lisent à partir des cinq continents.

Les trois articles les plus consultés par nos lecteurs sont : 

-    « Évasion sur la Costa del Sol » Coups de Coeur Vinicoles: Évasion sur la Costa del Sol (cdcvinicoles.blogspot.com) ; 

-    « Excursion vinicole à Dunham, région de Brome-Missisquoi »Coups de Coeur Vinicoles: Excursion vinicole à Dunham, région de Brome-Missisquoi (en rediffusion) (cdcvinicoles.blogspot.com) et 

-    « Belles découvertes vinicoles dans les Finger Lakes, New York » Coups de Coeur Vinicoles: Belles découvertes vinicoles dans les Finger Lakes, New York (cdcvinicoles.blogspot.com) .

Quelques mots sur nous

Suzanne a enseigné quelques années au niveau secondaire avant de se réorienter vers les secteurs de l'hôtellerie et du tourisme. Elle a notamment été à l'emploi d'un organisme d'échange étudiant. Elle était responsable du placement d'étudiants, de niveaux secondaire et universitaire, pour des stages de formation à l'étranger (dans plus de 50 pays). Elle a aussi parcouru les cinq continents, en présence de Jacques, et ainsi visité une multitude de vignobles et d’autres producteurs de boissons alcooliques.

Jacques pour sa part a été responsable du développement de l'industrie québécoise des boissons alcooliques à la SAQ (Société des alcools du Québec) et au ministère Industrie et Commerce du Québec (Développement économique) durant plus de 22 ans. Il a été l'instigateur de l'implantation et du développement des vignobles et autres producteurs artisanaux québécois de boissons alcooliques. Il a participé à divers événements nationaux et internationaux reliés aux boissons alcooliques. Il a agi comme juré lors de compétitions vinicoles et a animé des présentations sur les boissons alcooliques, l'art de vivre et la dégustation. 

Par ailleurs, nous avons publié une vingtaine d'articles vinicoles dans le magazine Vins & Vignobles (maintenant fermé) et plus de 70 articles sur notre blogue Coups de coeur vinicoles (sur Blogspot). Enfin, nous avons diffusé plus de 400 publications sur notre blogue Coups de coeur vinicoles d'Instagram (fermé depuis le printemps 2022). Ce blogue a été remplacé au cours de l’été 2022 par Coups de coeur VinoTrips, toujours sur Instagram : Coups de coeur VinoTrips (@coupsdecoeurvinotrips) • Photos et vidéos Instagram . Il compte plus de 200 publications et 1 700 abonnements.

En plus d'être publiés sur notre blogue Coups de coeur vinicoles (Blogspot), nos articles sont diffusés sur différentes plateformes électroniques dont celles de notre partenaire de diffusion Samy Rabbat, de Linkedin et de Facebook.

En terminant, nous avons une pensée toute particulière pour nos amis lecteurs d'Ukraine, et pour leurs concitoyens, qui vivent toujours une période très difficile! Nos pensées vont aussi à la Palestine qui vit un cauchemar depuis plusieurs mois.  

Continuez chers amis lecteurs de lire nos périples gourmands et vinicoles. Santé!


Murissement en dame-jeanne de la mistelle La Part des Anges sur le toit de Vignoble de l'Orpailleur, Dunham, Québec, Canada